Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être idéal parlant, souriant comme un monsieur, elle se défia de lui.

— Oui, c’est quelque jeune fat qui s’est moqué de moi, pensa-t-elle.

Et un doute affreux lui saisit le cœur. Elle retomba dans son découragement, et des larmes coulèrent sur ses joues sans qu’elle songeât à les essuyer.

Madame Blandais, tout occupée d’Angelo, ne remarqua point l’émotion de sa fille, que d’ailleurs elle eût attribuée aux malheurs de Catarina.

Clarisse resta quelques moments absorbée par la plus pesante rêverie. Lorsqu’elle releva les yeux, elle s’aperçut qu’il la lorgnait, lui, le bel inconnu, l’idéal défloré ; car elle éprouvait le contraire de ce qui afflige ordinairement : c’est la réalité qu’on regrette : « Ce que je croyais exister n’était qu’une vaine illusion… » ; mais elle, c’est l’illusion qu’elle regrettait ; elle pleurait son fantôme si cher, elle craignait que la vérité ne lui ôtât tout son prestige, elle avait peur de ne plus l’aimer.