Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/247

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dont l’aspect la saisit d’épouvante, un inconnu qu’elle reconnaissait, un grand jeune homme au front pale et mélancolique, aux yeux noirs et brillants, qui se tenait debout à l’entrée du balcon et qui la regardait attentivement.

Le même qu’elle avait aperçu chez madame de D***.

Le même qu’elle avait vu un soir dans la chambre de sa mère !…

Le même qu’elle avait entrevu un jour dans sa glace !…

Le même qu’elle avait vu dormir au pied de son lit !…

Le même ! ô surprise ! ô bonheur ! peut-être.

À cette vue, elle resta immobile, anéantie. Elle fut si troublée qu’elle eut peur de se trouver mal. Les sentiments les plus divers l’agitèrent. D’abord, elle éprouva une grande joie de découvrir que celui qu’elle aimait en rêve existait réellement ; et puis un sentiment de crainte l’attrista : il y a toujours quelque chose d’amer dans la vérité ; en voyant son