Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous vous passerez d’elle, croyez-moi, reprit Tancrède ;

Et s’adressant à Clarisse :

— N’est-ce pas, mademoiselle, que maintenant vous n’avez plus besoin de personne ?

Il dit ces mots si tendrement, que Clarisse rougit ; elle baissa les yeux et ne répondit rien.

— Parle donc, ma fille, dit madame Blandais ; tu es enfant ce soir, on ne peut t’arracher un mot. — Clarisse n’est jamais allée au spectacle de sa vie, monsieur, continua madame Blandais, il n’est pas étonnant qu’elle soit si troublée de se trouver ici ; elle n’est pourtant pas timide ; vous étiez peut-être chez madame de D***, le soir où Clarisse y a dit des vers ?

— Sans doute, j’y étais, répondit Tancrède, et jamais je n’oublierai ce jour-là : ce fut pour moi une soirée d’émotions et d’aventures ; non-seulement j’ai eu le plaisir d’entendre les beaux vers de mademoiselle et ceux de Lamartine, mais encore je me suis bien amusé. J’avais parié avec un de mes amis,