Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/75

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charger de cette massue ? Pourquoi la porter toujours avec lui ? Par élégance, par infirmité, par manie, par nécessité ? Cachait-elle un parapluie, une épée, un poignard, une carabine, un lit de fer ?

Mais par élégance on ne se donne pas un ridicule pareil, on en choisit de plus séduisants. — Par nécessité ? — je ne sache pas que M. de Balzac soit boiteux, ni malade ; d’ailleurs un malade qui peut badiner avec cette canne-là me semble peu digne de pitié. Cela n’est point naturel, cela cache un grand, un beau, un inconcevable mystère. Un homme d’esprit ne se donne pas un ridicule gratuitement. J’aurai le mot de cette énigme ; je m’attache à M. de Balzac, dussé-je aller chez lui le questionner, l’ennuyer, le tourmenter ; je saurai pourquoi il se condamne à traîner avec lui partout cette grosse vilaine canne qui le vieillit, qui le gêne, et qui ne me paraît bonne à rien.

Enfin, la preuve que cette canne couvre un mystère, c’est qu’elle me préoccupe ; car, au fait, qu’est-ce que cela me fait, à moi ?