Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/78

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elles ont toujours été trop pesantes ; ce cachet ? pauvre Édouard… Cette bague ? cher Alfred ! …

Et la bague et le cachet vont rejoindre le reste, avec un soupir, une larme, et puis un vieux juif emporte tout cela sous sa redingote bien sale. Il emporte votre passé, vos souvenirs, l’histoire de votre vie, divisée en bracelets, en agrafes, en chaînes, en anneaux. Et pour un si grand sacrifice, vous gardez, vous, un peu d’argent ; joyeuse, vous le donnez à votre fils qui ne sait pas ce qu’il vous coûte, qui le prend comme si cela lui était dû, et qui, presque toujours, s’en va le perdre dans une maison de jeu à Paris.

Et vous avez fait alors ce qu’il y a de plus pénible sur la terre, plus amer qu’un désenchantement, plus poignant qu’une humiliation, plus révoltant qu’une injustice, plus accablant qu’un regret ; vous avez fait un sacrifice inutile !

Oh ! connaissez-vous rien de plus déchirant que cette pensée : je pouvais ne pas faire ce qui m’a tant coûté ?

Un sacrifice inutile ! comme mademoiselle