Page:Giraud - Héros et Pierrots, 1898.djvu/257

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ARLEQUIN

Il parle à son reflet…

PIERROT

Cette immense tendresse Eparse autour de moi, ce besoin de souffrir, Cette soif de te voir, et la peur d’en mourir, Ces roses sous le gel, ces roses mensongères Dont le parfum tout bas, comme des voix légères, M’ensorcelait la chair, ces roses folles, ces Roses qui fleurissaient à mes tempes, à mes Narines, à mes yeux, toute cette jeunesse, Tout cela me venait de toi, n’est-ce pas ? N’est-ce Pas ? Tout cela venait de toi !…

ARLEQUIN

Bon ! j’ai compris !
Le cousin de la neige à la fin s’est épris
De son image !… Ah ! Ah ! Pierrot ! nous allons rire !
Et je me vengerai !…

PIERROT
Tu ne veux rien me dire ?

(Lent, presque chanté.)

O cœur plein de mon cœur, vaste comme les mers,
Espoir inexaucé de mes lèvres hautaines,
Qui nous a révélé ces ivresses lointaines,
Par delà l’heure triste et les baisers amers ?