Page:Giraud - Héros et Pierrots, 1898.djvu/37

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Je suis un espalier pour la soif et la faim
Des chercheurs de souffrance, et mes blessures fraîches,
Mangez-les, buvez-les, car je comprends enfin
L’ivresse des martyrs amoureux de leurs flèches.

O tout mon sang, toutes mes roses, mes sanglots,
Élancez-vous, ma chair ! vers les étoiles sourdes,
Et chantez mon enfance éternelle à longs flots,
Vous, les baisers futurs dont mes lèvres sont lourdes !

Soyez des inconnus, prenez-moi par la main :
Couronnez-moi de fleurs charmantes et funèbres,
Et, de vos robes d’or éclairant le chemin,
Conduisez-moi, pensifs, vers les bûchers célèbres !