Page:Giraud - Héros et Pierrots, 1898.djvu/49

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Là, dans des ombres équivoques,
Frères l’un à l’autre étrangers,
Pour moi seul des spectres baroques
Dessinent des gestes figés.

A la pourpre cardinalice
Fardant son visage haineux,
Un prélat moribond, qui lisse
Ses doigts aux bijoux vénéneux,

Ourdit avec ses yeux de proie
Et ses lents sourires cernés
La toile où dans l’or et la soie
Mourront les rois prédestinés.

Pointant sa tête ophidienne,
Un souple bravo jaune et vert
Pour sa tâche quotidienne
Affile son poignard expert.

Cœur simple, gonflé de rancune
Contre la vie et le destin,
Un long Pierrot hâlé de lune
Aspire un bouquet clandestin,