Page:Giraud - Héros et Pierrots, 1898.djvu/51

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Enfin, morne caricature,
Au centre du caveau plaintif,
Lié sur un banc de torture
Se tord un éphèbe chétif

Qui suit de ses regards farouches
Ces acteurs d’un drame ignoré,
Dont les gestes et les yeux louches
Lui versent un effroi sacré :

Chacun, ministre, menin, reître,
Pierrot, folle, coupe-jarret,
Est une image de son être,
Le dédouble comme un portrait.

Il se. dresse contre son rêve,
La conscience aboie en lui :
Illusion ! Demain, sans trêve,
Comme hier et comme aujourd’hui,

Miroir de leurs masques magiques,
Écho de leur verbe envolé,
Dans ces ténèbres nostalgiques
Il vivra, singe désolé.