Page:Giraud - Le Scribe, 1883.djvu/96

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temps s'est arrêté il y a dix ans, comme la pendule.


Tout à coup, — un pas léger retentit, & dans l’encadrement noir de la porte, vague, une forme pâle apparaît.

Un dernier rayon de soleil perce les rideaux, et lui fait un sillage de lumière. Et, comme elle s’avance, un cri m’échappe. Sa taille s’est affinée. Son buste a repris la désinvolture rhythmique de la jeunesse. Au front, aux tempes, plus de rides. S’éclairant d’elle-même, la peau éblouit. Les yeux, bleus et verts, attirent, noient. Et sur les lames blanches de la robe, & sur le grain blanc des épaules, se tord puissamment la lourde crinière fauve, — que le soleil couchant poudre d’étincelles.

Et tu m’es rendue, ô mienne ! Une clarté qui vient de toi, plus intense que celle du jour, illumine. Le boudoir revit & s’emparadise. Les tentures rosissent comme des chairs ; les glaces se renvoient de claires images ; la pendule sonne ; les magots grima-