Page:Giraudoux - Électre.djvu/104

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CLYTEMNESTRE. – Tu la regardes de bien loin.

ORESTE. – Elle est ce que j’imaginais.

CLYTEMNESTRE. – Mon fils aussi. Beau. Souverain. Et pourtant je m’approche.

ORESTE. – Moi non. À distance c’est une splendide mère.

CLYTEMNESTRE. – Qui te dit que de près sa splendeur subsiste ?

ORESTE. – Ou sa maternité ?… C’est bien pour cela que je reste immobile.

CLYTEMNESTRE. – Un mirage de mère, cela te suffit ?

ORESTE. – J’ai eu tellement moins jusqu’à ce jour. À ce mirage du moins je peux dire ce que je ne dirai jamais à ma vraie mère.

CLYTEMNESTRE. – Si le mirage le mérite, c’est déjà cela. Que lui dis-tu ?

ORESTE. – Tout ce que je ne te dirai jamais. Tout ce qui, dit à toi serait mensonge.

CLYTEMNESTRE. – Que tu l’aimes ?

ORESTE. – Oui