Page:Giraudoux - Électre.djvu/147

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tir, mes filles. Ma sœur m’offre à mon réveil une reine qui se prostitue et un roi assassiné… Mes parents.

PREMIÈRE EUMÉNIDE. – Ce n’est déjà pas mal. N’y ajoute rien.

ÉLECTRE. – Pardon, Oreste.

DEUXIÈME EUMÉNIDE. – Elle s’excuse maintenant.

TROISIÈME EUMÉNIDE. – Je te perds ta vie, et je m’excuse.

LE MENDIANT. – Elle a tort de s’excuser. C’est ce genre de réveil que nous réservent habituellement nos femmes et nos sœurs. Il faut croire qu’elles sont faites pour cela.

ÉLECTRE. – Elles ne sont faites que pour cela. Épouses, belles-sœurs, belles-mères, toutes, quand les hommes au matin ne voient plus, par leurs yeux engourdis, que la pourpre et l’or, c’est elles qui les secouent, qui leur tendent avec le café et l’eau chaude, la haine de l’injustice et le mépris du petit bonheur.