Page:Giraudoux - Électre.djvu/156

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ÉLECTRE. – Je sais qu’on a beaucoup de droits dans la confrérie des femmes. Si vous payez le droit d’entrée, qui est lourd, qui est d’admettre que les femmes sont faibles, menteuses, basses, vous avez le droit général de faiblesse, de mensonge, de bassesse. Le malheur est que les femmes sont fortes, loyales, bonnes. Alors tu te trompes. Tu n’avais le droit d’aimer que mon père. L’aimais-tu ? Le soir de tes noces, l’aimais-tu ?

CLYTEMNESTRE. – Où veux-tu en venir ? Tu veux m’entendre dire que ta naissance ne doit rien à mon amour, que tu as été conçue dans la froideur ? Sois satisfaite. Tout le monde ne peut pas être comme ta tante Léda, et pondre des œufs. Mais pas une fois tu n’as parlé en moi. Nous avons été des indifférentes dès ta première minute. Tu ne m’as même pas fait souffrir à ta naissance. Tu étais menue, réticente. Tu serrais les lèvres. Si un an tu as serré obstinément les lè-