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Page:Giraudoux - Électre.djvu/161

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CLYTEMNESTRE. – Oui, tes tilleuls me font des signes.

ÉLECTRE. – C’est bien possible, tu m’as tout volé dans la vie.

CLYTEMNESTRE. – Aime. Nous partagerons.

ÉLECTRE. – Partager l’amour avec toi ? C’est comme si tu m’offrais de partager ton amant. Qui est-ce ?

CLYTEMNESTRE. – Ô Électre, pitié ! Je te le dirai, son nom, dût-il te faire rougir. Mais laisse passer quelques jours. Qu’attends-tu d’un scandale ? Songe à ton frère. Comment imaginer que le peuple d’Argos laisse jamais Oreste succéder à une mère indigne ?

ÉLECTRE. – Une mère indigne ? Que cherches-tu par cet aveu ? Quel temps veux-tu gagner ? Quel piège me tends-tu ? Quelle couvée veux-tu sauver, comme la perdrix, en boitant du côté de l’amour et de l’indignité ?

CLYTEMNESTRE. – Épargne-moi une