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Page:Giraudoux - Électre.djvu/96

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mal, en cette nuit, vient de ce que tu es près. Et toute cette haine que j’ai en moi, elle te rit, elle t’accueille, elle est mon amour pour toi. Elle te lèche comme le chien la main qui va le découpler. Je sens que tu m’as donné la vue, l’odorat de la haine. La première trace, et maintenant, je prends la piste… Qui est là ? C’est elle ?

LE MENDIANT. – Non. Non ! Vous oubliez l’heure. Elle est remontée. Elle se déshabille.

ÉLECTRE. – Elle se déshabille. Devant son miroir, contemplant longuement Clytemnestre, notre mère se déshabille. Notre mère que j’aime parce qu’elle est si belle, dont j’ai pitié à cause de l’âge qui vient, dont j’admire la voix, le regard… Notre mère que je hais.

ORESTE. – Électre, sœur chérie ! Je t’en supplie, calme-toi.

ÉLECTRE. – Alors, je prends la piste, je pars ?