Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/141

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ouvre les yeux, voit la Seine scintillante, des épaules et de la tête s’écarte du mur, et se livre au courant. Le premier rayon frappe mes yeux, je vois le soleil par cette lunette toute propre ; puis un second rayon s’abaisse, s’élève, puis un autre… J’ai l’air du lieutenant qui passe l’inspection des armes : je les inspecte tous…

Un petit apprenti boucher descend la rue en tablier propre. C’est jour sans viande ; c’est jour sans sang…

Un Américain passe de l’ombre de l’Odéon à l’ombre du Luxembourg par une rue ensoleillée qu’il franchit en sautant…

L’arroseur dirige son tonneau au milieu de la rue. On voit, quand il a passé, qu’il étale sans fin, — chacun combat la nuit comme il le juge bon, — une peau de serpent avec des écailles ruisselantes.

J’écris leurs noms… C’est ainsi, sans pensée, que je commence à écrire au hasard, que j’écris « Américain », que j’écris « Joli boucher » dans ma feuille étincelante.