Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/243

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projet ; ils m’offraient une boisson chaude, ils cherchaient des biscuits, ils voulaient me séduire… Qu’avais-je donc à ne pas vouloir leur dire oui, leur dire peut-être… étais-je amoureux de la guerre ? Mais, déjà, j’étais inflexible. À mon réveil, ils m’entourèrent… Mais, déjà, j’étais leur aîné, j’étais plus près qu’eux de la mort… Du chocolat ? oui, j’en prenais… Mais déjà, j’étais impitoyable et tendre, austère et gai, obstiné et facile. J’étendis les bras nus hors du lit en bâillant… Ils frémirent… Leur fils, une seconde, avait ressemblé à cet être qui écarte les bras, qui ouvre, ouvre la bouche,… à la guerre !


Comment la guerre se passa ? En réveils, en réveils incessants. Tous mes souvenirs de guerre ne sont que des souvenirs de réveil. Pas un jour où la nuit nous ait enfantés sans douleur… L’aube, quand nos yeux ouverts depuis une minute, à la place des constellations immuables, du moins, et