Page:Giraudoux - Amica America, 1918.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44


étudiants étaient rentrés de leurs banquets, par deux, le plus grand portant dans ses bras un petit ; il n’était plus resté au matin que ceux dont la taille est moyenne, et l’aurore s’était levée sur des étudiants semblables. Dans les dormitories interdits aux femmes le reste de l’année, les cousines entraient en riant, et, dans le bureau, sans hésiter, se dirigeaient droit sur leur portrait pris dans la glace, prétendant qu’elles se coiffaient, mais regardant avec tendresse cet autre reflet vieux d’un an. Sur les pelouses, les écureuils qui se laissent tomber sur le passant, des branches, tombaient sur des jeunes filles décolletées, frissonnant, ne comprenant pas ces épaules nues. La procession défilait, chaque Année avec sa musique, devant chaque bâtiment faisant halte et poussant trois vivats en son honneur, criant son nom ; et une fenêtre s’ouvrait, et la dactylographe la plus digne de l’habiter, celle qui travaillait les jours même des fêtes, apparaissait et saluait. Les refrains de l’Université étaient des airs empruntés jadis à des hymnes célèbres, à la Marseillaise, au God save the King, à Schumann, au temps où l’on ne pensait pas qu’Harvard dût devenir aussi célèbre et la fraude connue. Premier Class Day de la guerre, où sous leur robe noire les promotions nouvelles avaient leur uni-