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Page:Giraudoux - Combat avec l’ange.djvu/20

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COMBAT AVEC L'ANGE

devant une métamorphose, d’un amant qu’elle étreignait, l’hostilité du destin faisait un arbre, un métal, et il n’y a pas égalité morale entre l’accouplement et la fécondation florale. Elle avait employé tout ce qui sert contre les métamorphoses, la supplication, la tendresse. Contre ce millionième de Parsifal dilué en moi, elle avait décuplé son dévouement, sa générosité. Tout ce qui n’était pas chair en elle avait lutté pour me refaire de chair. Elle avait même renoncé à sa beauté, à son visage de femme heureuse afin de m’atteindre dans ma pitié, pour que j'agisse par pitié sur ce corps qui se dérobait. Par une première ride dans chacun de ses sou¬ rires, par un premier vaisseau sanguin éclaté dans chacun de ses regards, elle avait tenté de dissiper cette distraction invincible auprès de laquelle mon sommeil était une présence et une attention. Il était de toute évidence que je la trompais, d’une tromperie qui n’avait pas la bassesse des tromperies habituelles, qui ne me supposait même pas de partenaire, mais la hauteur d’une tromperie ne lui enlève rien de son amertume. Les hautes souffrances sont de sacrées souffrances ! Surtout celle-là, qui lui apportait en plus l'humiliation. Car, près d’elle, j’étais submergé par un oubli d’elle. En dépit de moi, mes gestes, mes paroles répondaient à ses paroles, à ses gestes, toujours d’une se-