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Page:Giraudoux - Combat avec l’ange.djvu/26

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COMBAT AVEC L'ANGE

sur une ardoise, mais il fixait son regard sur la porte, et comme on avait eu la preuve qu’il pouvait le diriger, c’est qu’il voulait le fixer sur la porte, c’est qu’il attendait que la porte s’ouvrît, c’est que, même à travers le communiqué d’ardoise, seconde porte, il m’attendait. C’était une porte qui s'ouvrait de moins en moins ; on croyait éviter les déceptions à mon oncle en entrant par le portillon de côté, ou, comme la blanchisseuse, en enjambant la fenêtre, à part le curé qui tenait à entrer de face le jour des victoires. Elle était devenue vraiment un arc de triomphe avec ses servitudes. On se demandait si l’on faisait bien de l’ouvrir toute grande sur le jardin, les jours de printemps et d’été : un grillon entrait, un poulet entrait. Ce qui me ressembla le plus fut un jour un pompier en uniforme qui venait quêter pour la nouvelle pompe... L'émotion fut générale. Y avait-il suffisamment de différence entre l’uniforme des pompiers et celui des zouaves pour que mon oncle ne l’eût pas pris pour moi ?... Si bien, alors que j’avais, pour être seul avec la guerre, jeté tout mon lest d’amis et de femmes bien vivantes, de femmes capables de sauter d’un bond, à ma vue, du fauteuil à la porte, et de faire de joie la roue sur le plancher ou sur le lit, et de répéter mon prénom mille fois sans arrêt, que j’étais maintenu au niveau du pire réserviste par le souci de ce corps immo-