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Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/105

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DON MANUEL LE PARESSEUX lOI

toute cette aventure comme si elle apparte- nait à un chagrin lointain.

— Cousine!

— Il désire être près de vous, poursuit la dame.

Je m'agenouille et lui prends la main.

— Qu'y a-t-il donc? fait Renée.

Si j'attends une minute, je me tairai pour toujours,

— Il y a que je vous aime comme per- sonne n'a aimé. Depuis douze ans, vous êtes le but de tous mes actes, et toute ma fierté. Je suis Manuel.

Tout se tait. La dame me sourit. Mais dans un coin de la véranda s'est levé un homme épais, glabre, qui faisait depuis un moment claquer ses doigts l'an après l'autre. Il vient jusqu'à moi, sur la pointe des pieds, qui eux aussi semblent craquer. Il cligne des paupières sans arrêt, il avance vers le centre de son visage tout son mufle où les yeux, les narines, la bouche voisinent si étrangement qu'il paraît avoir un seul sens pour son corps énorme.

— Je suis le gouverneur, annonce-t-il. Je

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