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126 ÉCOLE DES INDIFFÉRENTS

ner, avant de l'avoir éprouvé, les regrets qui suivent l'amour. La solitude en est impi- toyablement bannie : d'immenses fleuves accaparent, à sa naissance, la moindre source; un tramway longe chaque cottage. Et d'ail- leurs les jeunes filles n'ont point à user les modes, les sentiments de leurs aînées; elles étrennent des prénoms inconnus; à leurs mains manque quelquefois la ligne de vie, ou d'amour, ou de bonheur: un biseau net et clair encadre leurs paupières; aux endroits où elles pleurent, elles sont la première femme qui pleura, et leur rire éveille les premiers échos des parcs à mélèzes bleus, à fougères géantes, à collines rugueuses d'où dégringolent en houle, environnés d'abeilles, les oursons apprivoisés qui vont jouer ensuite aux tuyaux d'arrosage.

Mais voici ma cousine et son gouverneur, escortés des intendantes. Renée-Amélie me tend la main, Don Gonzalès s'incline, tape ses mâchoires l'une contre l'autre, louche vers le centre, louche aux ailes, et ses oreilles remuent. Et les présidentes des clubs, déco- rées aux couleurs de Wellesley, nous pré-

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