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Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/131

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DON MANUEL LE PARESSEUX 127

sentent la gloire du collège, Benvenuta Deacon, la plus belle fille d'Amérique. Idole de ses compagnes, elle habite le hall d'hon- neur. Une vieille gouvernante l'accompagne aux dîners que lui offrent diverses villes, anxieuses de l'admirer. Tout en elle est si parfait qu'on hésite avant de la trouver belle; mais la beauté la plus éclatante, auprès de la sienne, se fane, disparaît.

— Comme vous êtes splendide ! dit trop cérémonieusement Renée-Amélie. Et que les journées doivent être courtes pour prendre soin d'une pareille majesté !

Benvenuta s'incline; elle est le contraire de ces portraits qui sourient seulement quand on les regarde Son visage est toujours grave, mais vous sentez, à mille fossettes, à mille ressorts, qu'elle se met à sourire dès qu'elle est seule.

— Les journées sont bien longues, répond- elle. Mais je lis, maintenant. Je lis les romans français. Il y arrive des choses si souhaitables que cela fait prendre du goût à la vie.

Don Gonzalès me présente :

— Manuel le quatrième. Duc de Tacna.

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