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102 KCOLE DES INDIFFERENTS

iiieuieni de fatigue un par un, comme les hirondelles abattues au large sur un navire. La lune aussi fond peu à peu dans le soir qu'elle odore de menthe. Miss Gregor, accou- dée à la fenêtre, doit fermer les yeux pour s'habituer à la nuit. Je vais vers elle... Je ne me hâte point. Le bonheur ne nous pèse guère, à condition, comme un haleur, de le tirer au pas. Et je tiens, pendant l'heure qu'il me reste à être enfant, à m'amuser une dernière fois des enfantillages du monde, des grosses dames qui s'enfournent dans les trams, des policemeu qui glissent sur une pelure d'orange, des vieilles qui s'en vont au prêche, courbées, en jaquette aubergine bor- dée de renard. J'aurai, me semble-t-il, à par- tir de demain, à ne sourire qu'aux choses et aux visages attristés. Le bruit des samovars qui bouillent, des petites cuillers qui tombent, du vin qui dans les verres fait glouglou, ne pourra plus me réjouir. Et c'est le dernier jour aussi où l'orgueil et la pauvreté des femmes ne peuvent m'atteindre. Je me sentirai visé moi aussi, désormais, par le dédain dont elles écartent, dans les omnibus, tous les pauvres

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