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Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/163

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LE FAIBLE BERNARD ibg

bien des chats — erraient sur la gouttière, miaulant. Ainsi ils s'effarent et quittent la cale pour le pont, à l'approche du naufrage. Une fraîcheur — c'était bien une fraîcheur — passait au vernis les toits pour que la nuit puisse prendre. Le concierge de Polytechni- que courait désemparé vers les objets oubliés dans la cour par les élèves : un bonnet de police, un atlas, quarante gros canons. Entre le ciel — c'était peut être encore le ciel — entre ce qui s'arrondissait là-haut et la terre, s'était glissé un transparent: demain matin les étoiles seraient décalquées sur le sol. Bernard ressentait une envie délicieuse de se boucher les oreilles, de fermer les yeux. Il les ferma, il frissonna, stupéfait : On pouvait avoir la nuit chacun pour soi. On pouvait s'asseoir par petites tables à son festin.

Un coup de sonnette interrompit son jeu. Le garçon apportait deux lettres. Pas d'entêté, pas de couronne; elles ne venaient ni de la Revue des Deux Mondes ni d'une marquise en quête de secrétaire.

La première n'était que de ses parents. Ils partaient au chevet d'une cousine malade.

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