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6/i l'XOLF. DES INDIFFÉRENTS

sort de sa cause avec une taille oioyenne, comme le poussin de l'œuf. La vie, chez vous, semble aussi limitée et aussi parfaite que celle des fourmis et des abeilles. Quand il pleut, vous rentrez. Quand vous voulez cueillir une fraise, vous n'allez point chercher une échelle. Vous parlez une langue inoffensive et indi- recte. Vous vous êtes habitués à mettre des articles devant les mots ainsi que l'on mou- cheté les fleurets : ils ne vous atteignent point au cœur comme nos phrases qui nous appren- nent que Ciel est changé, qu'Automne meurt. Vous avez découvert ce que les autres peuples cherchent. Donnez-nous le moyen de le trou- ver, ou dites-nous simplement ce que c'est. Le souci de la vie sottement nous enserre. Quand il libère une de nos pensées, il en advient comme du bras ou de la jambe que nous sortons de l'eau, dans le bain. C'est le membre libre qui pèse le plus lourd.

De gros nuages, éponges qu'un démon ma- licieux presse de temps à autre sur la tête des promeneurs, achèvent de nettoyer le ciel. Miss Spottiswood avait raison. Les lycéens se réfugient dans un couloir ; les

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