Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/60

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cette saison dorée. Dos au soleil, Jérôme et sa femme avaient devant eux les champs ensoleillés. C’était la plus longue période que la nature depuis longtemps eût passée sans gelée et sans froid. Rarement dans cette province la caresse donnée par le climat aux arbres, aux oiseaux avait été aussi prolongée et si douce. Ils pouvaient certes la croire voulue, la croire consciente. Ils avaient pour le soleil des coquetteries, des attentions. Le café était bon, le plus réussi, pensa-t-elle, qu’elle eût fait de sa vie. Elle en fut heureuse et eut un geste qui renversa sa tasse. C’était une des tasses en porcelaine de la Compagnie des Indes auxquelles Bardini tenait tant. Jadis, quand il aimait Renée avec passion, il les lavait lui-même. Depuis qu’il avait pour elle une affection plus tranquille, il la forçait à les laver elle-même. Mais il s’émut