Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/86

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ne croisa pas les jambes, se prêtant au soleil, mais détournant de lui la tête comme de ses amants, gardant sa familiarité pour l’évadé, attendant volontiers de lui les pires questions. Car, terrible avec les suiveurs audacieux, elle n’éprouvait aucune pudeur avec les voleurs, les anciens pensionnaires de la maison centrale, les rôdeurs de profession, comme si la pauvreté, l’astuce, le crime, n’étaient pas des attributs de l’âme mais un sexe, son sexe. — Où elle couchait ? Dans une chambre où le régisseur dormait autrefois. La cloison seule séparait de l’étable. Le gamin essayait le matin, pour ne pas la réveiller, de nourrir les vaches avec précaution, de leur apprendre à manger le foin doucement, muselait les génisses, les entravait. Mais rien à faire pour museler les coqs et le taureau. Si bien qu’elle se levait elle aussi pour aller caresser un petit