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Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/98

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poils de rêve. Mais la maison, par contre, lui semblait avoir vieilli subitement. Ces carreaux disjoints dans le couloir, cette vitre raccommodée, cette serrure inutilisable depuis quatre ans, il les voyait. Sous sa main une chaise s’affaissa : tout croulait ici ; — ici et dans ce bas-monde d’ailleurs ! Après un seul après-midi, il retrouvait sa demeure comme on retrouve après vingt ans la maison de son enfance, plus étroite, plus basse, moins enchantée. Il avança. Par la fenêtre, la lune l’éclairait d’un lourd fanal comme un scaphandrier dans le navire qui a sombré… Navire où étaient deux vivants…

Dans la salle à manger ce n’était pas seulement les animaux qui avaient survécu, mais une race plus éphémère encore, les fleurs. Toutes les roses que Renée avait cueillies hier, et les narcisses, et les héliotropes embaumaient du même parfum