Page:Giraudoux - La guerre de Troie n’aura pas lieu.djvu/185

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d’être chacun sur le plateau d’une balance. Le poids parlera…

Hector.

Mon poids ? Ce que je pèse, Ulysse ? Je pèse un homme jeune, une femme jeune, un enfant à naître. Je pèse la joie de vivre, la confiance de vivre, l’élan vers ce qui est juste et naturel.

Ulysse.

Je pèse l’homme adulte, la femme de trente ans, le fils que je mesure chaque mois avec des encoches, contre le chambranle du palais… Mon beau-père prétend que j’abîme la menuiserie… Je pèse la volupté de vivre et la méfiance de la vie.

Hector.

Je pèse la chasse, le courage, la fidélité, l’amour.

Ulysse.

Je pèse la circonspection devant les dieux, les hommes et les choses.

Hector.

Je pèse le chêne phrygien,