Page:Giraudoux - La guerre de Troie n’aura pas lieu.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Hector.

Et vous voulez la guerre ?

Ulysse.

Je ne la veux pas. Mais je suis moins sûr de ses intentions à elle.

Hector.

Nos peuples nous ont délégués tous deux ici pour la conjurer. Notre seule réunion signifie que rien n’est perdu…

Ulysse.

Vous êtes jeune, Hector !… À la veille de toute guerre, il est courant que deux chefs des peuples en conflit se rencontrent seuls dans quelque innocent village, sur la terrasse au bord d’un lac, dans l’angle d’un jardin. Et ils conviennent que la guerre est le pire fléau du monde, et tous deux, à suivre du regard ces reflets et ces rides sur les eaux, à recevoir sur l’épaule ces pétales de magnolias, ils sont pacifiques, modestes, loyaux. Et ils s’étudient. Ils se regardent. Et, tiédis par le soleil, attendris par un vin clairet, ils ne trouvent dans