Page:Giraudoux - Provinciales.djvu/151

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s’asseyent sur l’accotement et se plaisent à nommer par leur nom les avoines, les noisettes, les parties du soir, tout ce que l’on pourrait aimer, au fond, sans l’amour ou la maladie.

Voilà ma vie ; oublier que je vis, laisser toutes choses venir à moi, rapetissées et veloutées, pour qu’elles puissent passer par mes yeux sans me meurtrir aux prunelles ; me demander : les poules croient-elles que les hannetons tombent des nuages ; les chiens distinguent-ils les hommes de leurs sœurs les jeunes filles, de leurs femmes les femmes ; les chiens peuvent-ils être attentifs à d’autres qu’à la vieille demoiselle en visite qui leur dit, grattant le dessous de sa chaise : Le chat !