Page:Giraudoux - Provinciales.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gaze violette, avant de se coucher, et ils suivaient les petites fumées bleues qui montaient de chaque courtil vers le ciel, pour l’émailler à nouveau pendant la nuit. Puis contemplant l’agent voyer, elle sourit. Les yeux de l’agent voyer, en effet, vous aspirent, si vous vous y regardez, comme ces boules d’azur et d’argent que l’on suspend dans les jardins, près des tonnelles. Le soleil lui-même y apparaissait en forme de poire.

— Veux-tu me répondre ? ordonna-t-il.

Elle murmura : — Ne faites donc pas le Jacques.

Il la serrait plus violemment.

— Veux-tu ? une !

— Vous m’agacez, dit-elle. Je veux me moucher.

Ce n’était pas vrai. Elle n’avait pas de mouchoir.

— Veux-tu ? deux !

Elle eut un sourire tel qu’il oublia de compter trois. Il la lâcha et lui donna une gifle retentissante.

— Oh ! fit-elle, un agent voyer !

Pendant qu’elle s’asseyait sur le talus, tapotant sa joue comme on tapote une jupe froissée, il sentait des larmes, grosses comme des remords, lui monter aux yeux, mais la pression était cependant trop faible et elles s’arrêtèrent à sa gorge.