Page:Giraudoux - Provinciales.djvu/193

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firent revenir sous un faux prétexte leurs maîtres émigrés, les livrèrent aux Jacobins et achetèrent leurs domaines ainsi qu’en témoignaient les signatures compromettantes des archives, que l’instituteur trouva, un beau matin, effacées par une brûlure ronde comme si un visiteur avait appliqué sur chacune d’elles le bout d’un cigare allumé. Le troisième a pour noyau M. Rebecque, le juge de paix, un noyau sec, cassant, un noyau républicain avec les royalistes, royaliste avec les républicains, mais entouré et ouaté par sa femme et ses deux filles. Les fonctionnaires s’éparpillent selon leur âge et leur goût pour la chasse. Le troisième clan a les plus jolies femmes ; elles sont sept et l’une ressemble, à s’y méprendre, à l’impératrice Joséphine. Une autre, la septième, pour ne la point nommer, s’est enfuie un beau jour, — personne n’a su et elle ne sait plus pourquoi ; — et revint trois mois après, avec les mêmes robes, mais elle a depuis son voyage un sourire tellement résigné que les frères Dumas eux-mêmes la saluent. La mort pique au hasard parmi les trois partis, avec cependant une légère préférence pour le premier. À peine un des beaux-pères Dumas est-il mort que la belle-mère s’en mêle.