Page:Giraudoux - Provinciales.djvu/201

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tades, devant les jeunes chiens qui se repaissent au plus pur crottin, parce qu’ils l’ont vu faire aux poules. Le mari, qui est chasseur, s’aventure dans les sillons, écarte les bras pour faire lever les alouettes, et semble les semer aux quatre coins du champ. Puis il revient, enjambant les claies avec fracas. Alors, par plaisanterie, l’agent voyer prend la main de sa compagne, examine son anneau d’or, et dit : — Tiens, vous êtes mariée ! très haut, pour que le pharmacien n’ait pas de soupçons.

C’est ainsi que son amour croissait, trouvant partout la pluie, le soleil et le verglas nécessaires. Il était comme ces plantes qui, une fois semées, ne se trompent jamais et ne poussent pas vers le centre de la terre au lieu de monter vers le ciel… De la cuisine montait le bruit des couverts que l’on ordonne ; une soupe mitonnait et ronronnait ; son chat miaulait ; une pile d’assiettes croula : des sanglots gonflaient la poitrine de l’agent voyer, et, prenant, pour masquer sa vraie peine, le premier souvenir triste qui passât à sa portée, il pleurait sur sa cousine Élise-Adèle Duchênaie, — qui était boscotte, — en murmurant ses nom et prénoms.