Page:Giraudoux - Provinciales.djvu/31

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rend les jours infinis et les semaines brèves, au temps qui cesse de battre, le soir, au moment où l’on sent que quelqu’un va allumer la lampe, mais où l’on ne sait encore si c’est soi-même ; ou le matin quand je ne peux dire si la cheminée qui ronfle me réveille ou bien me berce.

Je pense que le père Voie a été petit, a joué aux billes et au boulet. Il a été malade, et des demoiselles affairées l’ont, comme moi, étendu dans un lit d’homme. Elles ignoraient qu’il ne grandirait guère, et que, maintenant encore, ses pieds ne heurtent pas le fond de sa couchette.



À la droite de notre maison, accolée à nos poulaillers, il y a la pharmacie. Nous voyons, quand il a plu, les reflets de ses bocaux dans les flaques de la rue, et les jours de foire, les petits ânes s’en effraient et, les contournent. Urbaine surveille les personnes qui sortent de la boutique et connaît ainsi tous les malades du canton ; mais elle ne peut savoir leur maladie et ignore qui doit mourir.

Un jour, la femme rouge que j’avais vue au