piqués. Mais interdiction formelle d’enfumer les abeilles avant le café. À cinq heures, départ dans la direction d’Altkirch. Belle route, dont les cerisiers ont été coupés au ras du sol par les Allemands. Nous retrouvons les artilleurs de Moulins, les dragons de Saint-Étienne. Quelques dragons sont montés sur de grands chevaux allemands qui ne veulent suivre, c’est leur patriotisme, que réunis en peloton. Les officiers s’y opposent. Le soir est étouffant. Assis sur les cerisiers, nous regardons vers les champs, un peu pour éviter la poussière, beaucoup pour ne pas tourner le dos à trois tombes de soldats français, tués voilà dix jours, et dont nous notons les noms sur nos carnets. Nous apprenons leur mort en même temps, à peu près, que leurs parents. Nous avons de plus le chagrin de voir les tertres faits un peu au hasard… Je ne sais pourquoi nous aurions mieux aimé pour eux des tombes parallèles.
Halte aux portes d’Ammerzwiller. Notre boucher prétend qu’on a agité trois fois une lampe dans le grenier d’une maison. Il vient me chercher, comme interprète, et nous pénétrons, boucher avec son revolver, littérateur avec sa baïon-