Page:Giraudoux - Siegfried et le Limousin.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Dans la Vienne…

Tu ne te doutais pas de ton ridicule, car tu crois que la Vienne se jette dans le Rhône, et dans ces eaux vives qui nourrissent l’Atlantique, après avoir rongé à chaque château du Limousin, du Poitou et de la Touraine, tu donnais, en bombant ta gorge, en alanguissant tes yeux, un reflet destiné à Avignon et à Marseille. Je dus te dire que Young avait remonté cette rivière jusqu’à Nantes. Mais les hommes t’ont toujours plus intéressée que les fleuves, et tu cherchas aussitôt, coupée net au nombril, en sirène, par la rivière noire et la partie de toi posée sur l’eau aussi aride qu’un buste de coiffeur, à relier ce voyageur à quelque courant parisien.

— Young, l’ami de Révillon ?

— Non, l’ami de Pitt.

— Pitt, l’ami de Sacha ?

— Non, l’ami de Mirabeau.

Alors, croyant que Mirabeau était du Nord, à ce nom tu sortis toute nue de l’eau, en baigneuse suédoise…