Page:Giraudoux - Siegfried et le Limousin.djvu/144

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et les conséquences scabreuses de 31 de nos paragraphes. En admettant qu’il soit Français, comme semble l’indiquer votre venue à Munich, ne rendrez-vous pas à la France un service signalé puisque de ce fait la constitution de Weimar comportera quelques clous et quelques charnières français. Vous luttez pour imposer votre langue dans les congrès ? Pourquoi retirer du congrès germain le seul représentant, je puis l’assurer, de votre esprit ? Quelle somme ne paierait pas l’Allemagne pour avoir à votre Cour des Comptes un assistant, insoupçonnable, qui permettrait à cet illustre corps de s’adapter inconsciemment aux grands sentiments de l’Allemagne, ou auprès de votre Conseil d’État, cette admirable institution qui vient de décréter que tous les procès faits depuis 1858 au Bois de Boulogne l’ont été à tort, la femme d’un de ses membres ayant mérité le dernier pour son obstination à ne pas y museler son chien… Nous venons donc vous demander de remettre vos révélations jusqu’au jour où l’Allemagne sera faite et l’Europe apaisée…

Le professeur Schmeck se tut. Je m’inclinai.

— Monsieur le professeur, lui dis-je, je réfléchirai. D’ailleurs, M. von Greidlinger vous dira mes intentions, puisqu’il est le plus habile liseur de pensée d’Allemagne et que vous l’avez amené à ce titre. Qu’avez-vous lu en moi, monsieur von Greidlinger ?…

Greidlinger, muet comme un microphone, tressaillit et détourna les yeux des miens comme celui qu’on surprend à lire par-dessus votre épaule. S’il lisait vraiment ma pensée, il me voyait pêchant à la ligne avec le petit Forestier, plus jeune que moi de deux ans, et lui contant l’histoire du pêcheur qui prit une