gestionnés de l’approche de l’hypnotiseur. Il va sans dire que Zelten avait un pouvoir magnétique, et m’avait même une fois endormi… Pendant la guerre, à deux ou trois reprises, j’avais cru percevoir cette succion d’un esprit, parfois tellement vive qu’elle semblait venir de la tranchée d’en face. Zelten, si je me laissais guider aujourd’hui par ce message, prenait en ce moment le tramway vert au quai d’Orsay ; il l’échangeait maintenant à l’École militaire pour le tramway jaune ; il utilisait en cette minute la section chevauchante avec plaque rouge du boulevard des Invalides ; il allait descendre de la deuxième voiture qui stopperait devant la Rotonde…
En effet, il en descendit.
Il en descendit, à reculons, et pour aider à en extraire
un pensionnat de fillettes, embrassant la dernière
et la plus petite. À mesure qu’il approchait de moi,
cette jeunesse de silhouette qui m’avait permis de
le reconnaître disparaissait de chaque point de son
corps sur lequel se posaient mes yeux, et les petites
filles ne s’étaient pas encore évanouies dans l’ombre,
qu’elle s’était évanouie. De plus près, je constatai
que son côté gauche avait souffert, à gauche il avait
des cheveux gris, des rides, des pattes-d’oie ; tout ce
qu’il avait pu imaginer pour ne pas laisser la vie et
la beauté tomber de lui s’était réduit pendant huit
ans à faire la part de la guerre et du feu… On voyait
du premier coup d’œil, pauvre Zelten, que ce n’était
pas un gaucher ! Ainsi revint Zelten vers nous, rame-