Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/189

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blesse, du doute. Pourquoi cette tristesse ? Pourquoi surtout ce sentiment de n’être pas assez triste 7 Je me levais avec rage, détestant ce Simon anémique. Il m’eût fallu une occasion de passer sur lui mon humeur.

Elle vint... Gontran se précipita un jour à mes genoux, et, la coiffure, la cravate en désordre, son pantalon de cycliste déchiré, me déclara qu’il aimait Anne. Il était décidé à le lui avouer sur-le-champ. Je suis persuadé qu’il’me soupçonnait de l’aimer aussi. Il voulait surtout donner à notre amitié le centre un peu douloureux dont, en effet, elle manquait. C’est à moi en somme qu’il venait se déclarer. J~’en prolîtai, et je le reçus ! Comme il était prêt à se tuer, comme. il pleurait, et que ses larmes coulaient jusqu’à mes mains, plus bas encore que les larmes de l’autre Simon ne seraient tombées, je lui fis honte. Je lui appris qu’on ne vient pas se confesser à bicyclette, et encore moins, comme il rectifiait, à motocyclette ; je lui prouvai qu’il n’avait aucun espoir de se faire aimer, ni de se faire plaindre ; je lui cachai son unique chance : jouer de sa ressemblance avec la forêt et approcher de mon amie comme de nos postes les Arabes déguisés en buissons ; je lui montrai Pabîme