Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/194

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186· SINON LI PATHÉTIQUÉ sur un pont, il allait plus doucement, il s’arréta presque au-dessus d’e la rivière. Anne n’osait dire un mot dans ce silence. Ce fut encore une seconde gagnée. Puis l’autre pente de la vallée fut atteinte, puis vint un tunnel. Anne n’osait dire un mot dans ce bruit, je pensais qu’il me restait encore d’autres moyens pour reculer son aveu : la maladie, la guerre, — et enfin vint le jour. — Simon, vous rappelez-vous Thérèse ? Thérèse ? Il’y a mille Thérèse. J’essayai d’échapper à la vraie. J’avais, enfant, une amie, ma meilleure amie, de ce nom. Il y a tant d’au- I tres Thérèse que celle dont Anne un jour m’avait parlé, qui avait eu un amant, qui, le troisième jour, l’obligea soudain de descendre de voiture g place de la Concorde, et ne le revit plus ! è — Vous rappelez-vous Thérèse ? C’est ainsi que Thérèse mourut. Anne parlait encore. Anne entrait dans cette petite forme à douloureuse avec obstination, et je sentais aussi qu’un mauvais génie pénétrait dans le p petit corps de l’autre Thérèse, ma petite com- 4 pagne, la distendait, la torturait, coupable de m’avoir aimé. ’ —a- Regardez-moi ! à J