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J’raioitrna se rxrnirxgun 191

je n’en pourrais sortir ! Dès que j’avais ferme les yeux, je rèvais.... ’

Je rêvais qu’il suffisait de supplier Anne, de la convaincre, et que tout serait comme autrefois. Par toutes les ruses j’essayais de l’attirer dans son corps de jeune fille, étendu près du nouveau. Je le vantais, j’affirmais qu’il ne contenait pas deveines, rien que des artères... Elle secouait la tête, elle me montrait sur son bras mort, une, deux, trois veines isolées, vestiges d’un réseau disparu. Alors je vantais ses yeux, dont on peut du doigt caresser les prunelles ; ses cheveux, souillés chez’la femme, dont chacun était pur. Elle acceptait enfin, par lassitude, — non pour redevenir jeune fille, mais pour calmer tant de peine !

— Je veux bien, disait-elle, je veux ! Je rêvais qu’Anne n’existait plus, n’existait pas. A chaque carrefour, sur chaque affiche, on annonçait que jamais Anne n’avait existé. On se moquait de ma douleur imaginaire. On me A prouvait qu’elle était fausse. Vides soudain étaient les minutes, les heures, les jours qu’elle avait remplis. Un enfant soufflait dans n.a vie et la gonflait d’air comme un ballon. Mais peu a peu, sur las écriteaux, la phrase fondait, la