Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/21

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jeudi et le dimanche, pour éviter la promenade, je me glissais à la Permanence. Ce nom vous plaît-il autant qu’il me plaisait : travail permanent, permanente gloire ! Dans les récréations il suffisait, sans même dissimuler son livre, de tourner lentement autour d’un pilier selon la place du répétiteur qui faisait les cent pas. Je me levais chaque matin à cinq heure avec joie, pour retrouver, dans mon pupitre, le chantier de mes thèmes, mes feuilles de narration éparpillées, mais déjà portant leur numéro, comme les pierres d’un édifice. Le jour était souvent gâché par la vaccination, la gymnastique, mais toujours il restait la nuit. Je me couchais, j’attendais. La caserne était endormie. Les clairons des sociétés civiles qui s’exerçaient dans les prairies voisines, sonnant à cette heure, sans dignité, la soupe ou la visite, se taisaient enfin… J’attendais. Je savais que la journée, avant de s’évanouir, me laisserait la solution du problème, qu’elle ne mourrait pas sans dévoiler le sens de la phrase latine la plus mystérieuse à cet enfant silencieux et nu, sans langage, sans tunique, qui pouvait être aussi bien un enfant romain, un enfant toscan. Je savais que les fautes d’orthographe oubliées devaient