Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/22

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apparaître sur le mur, en caractères géants, que les barbarismes bossus, les solécismes émaciés, envoûtés dans le grec pur et ferme de mon thème, allaient s’en dégager et, grimaçants, se laisser prendre, les gallicismes revenir vers moi, déconfits, en tenue française, de leur équipée aux mondes antiques. Il ne me restait bientôt plus que des cahiers apaisés, des devoirs lisses, une mémoire soumise ; je pouvais, sans scrupule, me livrer à tous les rêves qui se pressaient maintenant autour du seul élève éveillé et ne pouvaient plus pénétrer que par moi dans le cœur de la nuit… Onze heures. Le veilleur passait ; il n’y avait, contre sa lanterne, contre sa tournée aveuglante, que les ombres fuyantes des quatre colonnes de fonte, que quatre demi secondes d’ombre. Il s’arrêtait devant mon lit, soupçonneux, je retenais mon souffle, je ne réfléchissais pas que les dormeurs eux aussi respirent et qu’ainsi, s’il était bon veilleur, il ne pouvait que me croire mort.

Chers professeurs, les amis de la concorde, qui vous êtes pourtant rangés à mon côté contre le censeur, et m’avez sauvé quatre fois de son conseil de discipline. Ce n’est pas seulement parce que j’étais toujours premier ; il faut