Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/235

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M à IIIOIPII DU PATBTIOOÃ 221

âge ? Je savais que des’êtres passagers, toute sa vie, viendraient s’ajouter à son nom pour lui donner un à un tous ses sens et ses adjectifs : Anne mère, Anne fiancée, Anne religieuse, Anne perdue ; qu’ils n’avaient pas beaucoup plus d’existence que ses souhaits et qu’au pre- ï mier jour de liberté ou de fierté, les maris, les voiles, les fils, disparaîtraient sans avoir été. Je me contentai de répondre avec un tendre reproche : l ’

— Voyons, Anne ! Votre fiancé, c’est moil Elle secoua la tête, d’un regard qui ne voulait point pénétrer mes yeux les caressait, se’coua la tête encore :

— Cher Simon...

Mais déjà elle s’appuyait. À mon épaule. Tout ce qui dans une femme est refus, toute l’enveloppe d’abord qui est méfiance, tous les atomes ’ épars et circulant qui sont peut-être ou jamais, s’élevaient. soudain de son corps et il ne restait pas une parcelle qui ne fût consentement. Oui, pour. cette minute, elle acceptait. Ou plutôt elle acceptait pour le seul temps qui fût durable, pour notre passé. Puisque à nouveau je l’ouvrais, comme une femme ajoute, en imitant son écriture d’autrefois, le mot oublié à