Page:Giraudoux - Suzanne et le Pacifique, 1925.djvu/58

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brune, brune, était brune, rose. Je lui proposai mon porteur, déchargé de ma grosse malle, et qui, de voir ces petits sacs, rapprochait déjà les bras comme un compas :

— Ma sœur Sofia en cherche un, — répondit-elle.

Nourri de malles en beau cuir, le navire tressaillait déjà et poussait de petits sifflements. Je proposai d’envoyer chercher Sofia.

— Mon mari Naki la cherche, — répondit-elle.

J’attendis donc encore. Puis je proposai d’envoyer chercher Naki.

— Riko le cherche, mon beau-frère. Nous avons un billet du sous-préfet pour la cabine de pont qu’a déjà obtenue une fois mon cousin Papo…

C’est au mot Papo que je ne résistai plus, que je fus agrippée, que cette petite Grecque me prit dans le rouage sans fin de ses parentés : je demandai si Papo était allé loin.

— Papo allait à Rancagua du Chili rejoindre Maria, ma tante. Elle habite maintenant Lima.

— Elle s’y plaît ?

C’est ainsi que ma nouvelle amie, d’un mot, vous obligeait, en une seconde, à demander, sous peine d’être impoli, les nouvelles d’une veuve de juge à Lima, d’un pharmacien à Monastir. Je dus donc écouter la dernière lettre de la tante Marika, qui racontait son voyage aux Andes et