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Une ode licencieuse que ce poëte avoit composée dans sa jeunesse[1], lui ayant fermé les portes de l’Académie française, le poëte s’en vengea par cette épigramme si connue qu’il destinoit pour son épitaphe :

Ci-gît Piron qui ne fut rien,
Pas même académicien.

On inféra de là que Piron dédai-

  1. La tradition rapporte, au sujet de cette pièce de vers, des détails qu’il n’est pas hors de propos de consigner. Piron étoit à déjeûner avec plusieurs jeunes gens de son âge ; le bon vin ayant un peu trop, et même outre mesure, égayé les propos, un défi fut porté à qui feroit la pièce de poésie la plus libertine pour être lue et jugée à leur prochaine réunion ; chacun des convives donna la sienne ; Piron montra son Ode à Priape, elle fut jugée celle qui l’emportoit sur les autres ; elle est en effet le nec plus ultrà de la licence, mais en même temps un chef-d’œuvre de verve et de vraie poésie
    Plusieurs copies en furent prises et l’ode circula. Cependant le respect dû aux mœurs ne pouvoit tolérer qu’on répandît dans le public une pièce aussi licencieuse, et le Procureur général informa d’office contre le quidam au-