Page:Girault - Manuel de l'étranger à Dijon, 1824.djvu/515

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gnoit toutes les réunions littéraires ; l’Académie de Dijon peut fournir la preuve contraire : il y fut reçu académicien honoraire le 11 janvier 1762, et se montra même très sensible à cette marque d’estime, ainsi qu’à l’honneur que lui fit cette compagnie de placer son buste au salon des séances parmi ceux des grands hommes de la pro-

    teur de ces vers libertins, pour le faire punir suivant la sévérité des lois. Le jeune Piron étoit connu pour l’avoir faite, il ne pouvoit manquer d’être dénoncé à l’autorité, et conséquemment alloit être flétri dès les premiers pas de sa carrière. Un magistrat de mœurs sévères, mais indulgent pour les fautes de jeunesse, découvrant dans cette ode, le germe de talens supérieurs, et ne voulant pas priver son siècle d’un poëte qui s’annonçoit, et comprimer dès son début l’essor du génie, fut trouver le Procureur général, et lui dit qu’il venoit lui désigner celui qui avoit fait l’ode contre laquelle il avoit donné son réquisitoire, et se nomma pour en être l’auteur. Le Procureur général interdit, comprit aussitôt que le Président Bouhier vouloit sauver le jeune poëte, et l’information resta assoupie au greffe de la Cour.