Page:Giroust - Illyrine - t3.pdf/384

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grands yeux ; j’examinai l’homme ; ne nous étant pas vus depuis dix ans, notre silence et notre examen n’avaient rien d’étonnant. Enfin, il le rompit le premier ; il me demanda si je ne reconnaissais pas mon frère ! — Mon frère, dis-je, depuis si long-tems que je suis orpheline, je n’ai plus ni frère, ni sœur ; je n’ai qu’un ami qui me tient lieu de toute ma famille. Si vous êtes mon frère monsieur, êtes-vous trop grand seigneur pour ne pas venir chez moi ? Vous avez mon adresse. Que signifie cette tournure mystérieuse que vous prenez pour me voir ? — Madame, j’ignorais si la lettre de mon père, qui vous fut adressée, était bien à votre nom ; d’ailleurs, savais-je si vous eussiez voulu me voir. Au surplus, madame, je viens pour vous annoncer la mort de notre mère. Un ruisseau de larmes coule de mes yeux. Oh, monstre que vous êtes ! vous avez laissé descendre ma mère au tombeau sans que j’aye pu recueillir son dernier soupir ! Votre intérêt vous oblige maintenant à me voir ; sans cela, vous vous seriez peu inquietté de moi. Je suis donc maintenant une des cordes de l’harmonie